Impact des politiques publiques de réduction de la pollution de l’air sur la santé cardiovasculaire

Caractéristiques

Responsable scientifique B. Jacquemin
Organisme de rattachement Inserm & Université de Rennes
Laboratoire / Lieu Institut de recherche en santé, environnement et travail, Rennes
Année de dépôt 2024
Type de projet Données uniquement

Contexte

La pollution de l’air est aujourd’hui le déterminant environnemental de la santé des populations le plus important. Ses nombreux effets sur la santé représentent actuellement un lourd fardeau en santé publique, notamment cardiovasculaire avec des inégalités socio-économiques bien documentées. Cela a conduit en Europe et en France à mettre en place de politiques publiques de réduction de certaines émissions pour diminuer les niveaux de polluants de l’air de façon durable. L’une de ces politiques d’envergure concerne la mise en place de zones de faible émissions et mobilité (ZFE-m). En France, la première ZFE-m a été mise en place dans la région parisienne entre 2016 et 2019 et il est prévu que d’ici 2025, l’ensemble des agglomérations françaises de plus de 150000 habitants implémentent une ZFE. Cependant, l’efficacité de ces mesures sur la santé reste peu documentée ainsi que les implications en termes d’équité. A notre connaissance, aucune étude n’a étudié ces impacts avec des données observationnelles individuelles, qui permettent de prendre en compte de nombreux facteurs de confusion, ainsi que d’identifier la répartition des bénéfices potentiels au sein du gradient socio-économique. Dans ce projet, nous étudierons l’impact de ces mesures sur les maladies cardiovasculaires, deuxième cause de mortalité en France, dans la cohorte Constances avec des données d’exposition aux particules et dioxyde d’azote estimées à une résolution spatiale fine, en utilisant des méthodes épidémiologiques innovantes. Évaluer comment les bénéfices liés à la mise en place des ZFE-m, qui constituent l’une des principales politiques de lutte contre la pollution en lien avec le trafic en France et en Europe, permettra de s’assurer que les efforts pour réduire les niveaux de pollution répondent aux objectifs annoncés et ainsi informer la mise en place des autres ZFE dans d’autres contextes. L’originalité de ce projet réside dans le fait d’étudier l’impact d’une politique de santé sur le long terme, pour la première fois, avec des données individuelles et des méthodes épidémiologiques innovantes, ainsi que la prise en compte des enjeux de justice environnementale en lien avec les bénéfices sanitaires potentiels.

Objectifs

  • Objectif principal:

Évaluer les bénéfices liés à la mise en place de zones à faible émissions et mobilité sur la santé cardiovasculaire.

  • Objectif secondaire:

Évaluer la distribution des bénéfices sanitaires potentiels de ces politiques publiques au sein de différents groupes socio-économiques.

Méthodes

  • Population

La cohorte Constances est un échantillon aléatoire de 220000 adultes âgés de 18 à 69 ans à l’inclusion, recrutés entre 2012 et 2019 dont 34204 participants dans Paris. Les données collectées à l’inclusion et aux suivis couvrent un large éventail de données socio-démographiques et de santé. L’historique résidentiel est disponible et géocodé depuis l’inclusion pour tous les participants, et depuis la naissance pour environ la moitié. Événements de santé Des algorithmes basés sur la combinaison des données déclarées, et du Système National des Données de Santé (données hospitalières, consommations de soins), sont déjà disponibles dans la cohorte Constances permettant d’identifier les cas incidents de maladies cardiovasculaires (infarctus du myocarde, accidents cérébro-vasculaires). Ces algorithmes ont permis d’identifier 138 cas incidents d’infarctus du myocarde et 96 d’ accidents cérébro-vasculaires chez les participants recrutés dans les centres parisiens.

 

  • Exposition aux PK2.5, PM10 et NO2

Les concentrations moyennes journalières, puis annualisées, de PM2.5, PM10 et NO2 dans le Grand Paris seront estimées à l’échelle de l’IRIS (Ilots Regroupés pour l’Information Statistique) à l’aide de modèles hybrides de « land-use regression » (algorithmes souvent utilisés pour analyser la pollution, en particulier dans les zones densément peuplées) se basant sur des données de simulations numériques d’Airparif (organisme qui mesure et analyse la qualité de l’air dans la région parisienne), des données de mesure, d’utilisation du territoire (e.g. espaces verts), météorologiques et d’images satellitaires. 

 

  • Puissance statique

Constances est la plus grande cohorte française d’adultes en population générale constituant un échantillon statistique très large, notamment sur les cas incidents de maladies cardiovasculaires qui constituent l’un des évènements sanitaires les plus fréquents. De plus, d’autres études avec des échantillons beaucoup plus petits que celui de ce projet ont montré des associations précises sur le plan statistique entre pollution de l’air et maladies cardiovasculaires

 

  • Analyses

D’abord, nous utiliserons des modèles ajustés de survie en utilisant des courbes dose-réponse variant dans le temps focalisant sur les différents évènements incidents de maladies cardiovasculaires. Nous comparerons les participants exposés aux ZFE-m aux personnes n’y étant pas exposées, en fonction de leurs lieux de résidence tout en prenant en compte les déménagements. L’exposition aux ZFE-m sera faite via les données géographiques des IRIS visées par les ZFE-m que nous avons déjà recensés. Nous emploierons des méthodes basées sur des appariements via le score de propension permettant de prendre en compte de nombreux facteurs de confusion individuels et contextuels, y compris les expositions passées aux différents polluants atmosphériques. Nous considèrerons les changements de niveaux de polluants (PM et NO2) suite à la mise en place des ZFE-m comme médiateurs (pour valider les mécanismes impliqués). Nous évaluerons les inégalités sociales vis-à-vis de ces effets en incluant des termes d’interaction dans nos modèles puis en stratifiant nos analyses. Nous considérerons à la fois des indicateurs individuels (e.g. niveau d’éducation, revenus) et contextuels (e.g. indice de déprivation). 

Perspectives

Les résultats obtenus, notamment grâce aux recommandations que nous formulerons, seront à terme applicables à de nombreuses interventions de prévention visant à agir sur d’autres déterminants de la santé des populations ainsi qu’à d’autres contextes géographiques.

Ces informations seront extrêmement utiles pour orienter la prise de décision sur la mise en place ou le renforcement de politiques publiques de lutte durable contre la pollution de l’air sur la base d’arguments sanitaires et de justice environnementale.

Informations réglementaires

Responsable de traitement

Le traitement des données est placé sous la responsabilité de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), responsable du traitement des données à caractère personnel, situé au 101 rue de Tolbiac, 75 013 Paris – www.inserm.fr.

Délégué à la protection des données

Pour la cohorte et le projet : Déléguée à la protection des données de l’Inserm, dpo@inserm.fr ou 101 rue de Tolbiac, 75 013 Paris.

Base légale du traitement et recours à des données dites sensibles

Le traitement de données personnelles nécessaire à la mise en œuvre de cette étude répond à l’exécution d’une mission d’intérêt public dont est investi l’Inserm et nécessite le traitement de données personnelles de santé à des fins de recherche scientifique.

Catégories de données concernées par les traitements

Données de santé (diagnostics de cancer et de mortalité, biométrie (e.g poids, taille, IMC), tension artérielle, antécédents médicaux), relatives aux habitudes de vie et comportements (activité physique, habitudes alimentaires, consommations de tabac et de boissons alcoolisées), aux caractéristiques démographiques, socioéconomiques et socioprofessionnelles, à la zone géographique de naissance, données d’expositions liées aux espaces verts.

Destinataires ou catégories de destinataires des données à caractère personnel

Dans le cadre de cette recherche, les données non issues du SNDS seront transférées à la responsable du projet, directrice de recherche à l’Inserm (institut public), France. Ces données et celles issues du SNDS seront également mises à disposition de la responsable scientifique dans un espace sécurisé du CASD (Centre d’accès sécurisé aux données). Ces mises à disposition sont nécessaires à la réalisation des analyses statistiques par l’équipe U1085 de l’Inserm.

Durée de conservation en base active des données à caractère personnel

Les données seront conservées dans les systèmes d’information sécurisés du responsable de traitement (pour les données non issues du SNDS) et dans un espace sécurisé du CASD (pour toutes les données) pendant 5 ans, de février 2025 à février 2030. Elles seront ensuite définitivement supprimées.

Droits des personnes concernées et modalités d’exercice de ces droits

Les données nécessaires à ce projet sont traitées conformément au Règlement Général relatif à la Protection des Données « RGPD » (Règlement (UE) 2016/679 du Parlement européen et du Conseil du 27 avril 2016) et à la loi n° 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés. L’ensemble des droits et les moyens pour les exercer sont disponibles sur : « Espace Volontaires » « Droits et protection des données ». Il est également possible de s’adresser au responsable de traitement de ce projet, par l’intermédiaire de son/sa déléguée à la protection des données DPO (coordonnées indiquées ci-dessus).