Pollution de l’air et santé, un projet interdisciplinaire sur l’Ile-de-France

En janvier 2025, un projet interdisciplinaire basé sur des modélisations fines de polluants de l’air sur l’Ile-de-France va débuter. Ces modélisations seront croisées avec la santé respiratoire et les consommations de soins des 35 000 volontaires franciliens de la cohorte.

Le 20 novembre 2024, le Ministère de l’enseignement supérieur a dévoilé les 8 premiers lauréats du programme de recherche « Ville durable et bâtiments Innovants » du plan d’investissement France 2030. Le projet URBHEATLH auquel est intégré l’équipe Constances est parmi les heureux lauréats.

Outre sa qualité scientifique, le projet est distingué pour la pluridisciplinarité des équipes mobilisées autour des grands défis que pose la transition vers des villes plus durables. Piloté par l’Ecole nationale des ponts et chaussées, le projet va faire appel à une grande diversité de scientifiques de disciplines variées : physique et chimie de l’atmosphère, mobilité, économie et santé publique.

Côté santé, c’est Emeline Lequy, chercheuse Inserm au sein du CESP et de l’équipe Constances qui va coordonner le projet. En 2027, elle encadrera deux épidémiologistes dans le cadre de contrats post-doctoraux. L’objectif sera de croiser les résultats issus des modélisations des chercheurs en sciences de l’atmosphère avec les données de santé des 35 000 volontaires de la cohorte habitant en Ile-de-France.

« Nous avons déjà mené des études Constances sur les liens entre pollution de l’air et santé, notamment sur la rhinite et asthme. Avec ce projet et les modélisations qui seront réalisées, nous allons non seulement descendre à une échelle spatiale extrêmement fine, jusqu’à l’échelle de la rue, mais aussi à une échelle temporelle plus fine concernant les concentrations en polluants » indique Emeline Lequy.

Concentrations en particules ultrafines modélisées sur l'Ile-de-France sur l'été 2022. Source : Park et al. 2024.

 

Outre les polluants réglementés comme le dioxyde d’azote et les particules grossières (PM10) et fines(PM2,5), les scientifiques vont aussi modéliser la répartition spatiale de polluants émergents (carbone suie, particules ultrafines) et le potentiel oxydant des particules de l’air. Le potentiel oxydant pourrait s’avérer être un indicateur particulièrement intéressant car il permet de renseigner sur lee stress oxydant que certaines particules peuvent induire dans nos cellules.

« Les concentrations de ces différents polluants seront déterminées grâce à des modèles dits de chimie-dispersion, basés sur nos connaissances des mécanismes physico-chimiques dans l’atmosphère, inclus dans un système numérique multi-échelle innovant. Les inventaires d’émissions à fine résolution seront fournis par Airparif. Les modélisations seront comparées aux mesures in-situ d’Airparif et celles de l’Institut des géosciences de l’Environnement de Grenoble pour le potentiel oxydant » souligne Karine Sartelet, directrice de recherches au laboratoire Cerea de l’Ecole nationale des Ponts et chaussée, qui pilote l’ensemble du projet.

Les résultats des modélisations seront croisées avec la santé respiratoire, notamment l’asthme et la rhinite, des volontaires de Constances, ce qui permettra entre autres de comparer les résultats de ce projet avec ceux déjà obtenus. Les recherches vont aussi se pencher sur la consommation de soins des volontaires, par exemple pour analyser dans quelle mesure les pics de pollution sont corrélés à davantage de médicaments remboursés, de rendez-vous chez des médecins, d’hospitalisation ou d’urgences.

Les zones géographiques ainsi que les populations les plus exposées et les plus vulnérables seront par la suite identifiées afin d’élaborer des scénarios prospectifs visant des objectifs sanitaires ambitieux.