On connaît la concentration en radon chez un millier de volontaires

Durant 2 mois, un millier de volontaires ont placé des détecteurs dans leur logement afin d’y mesurer la concentration en radon, un gaz radioactif d’origine naturelle. Une soixantaine de maisons avaient une concentration supérieure au niveau de référence. En parallèle, l’étude des liens entre l’exposition au radon et la survenue de cancers se poursuit.

Gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium présent dans le sol et les roches, le radon contribue aux doses de radioactivité naturelle auxquelles est exposée la population générale. Il représente un point d’intérêt du projet CORALE mené par l’Autorité de sûreté nucléaire et de radioprotection (ASNR), qui vise à étudier les relations entre maladies chroniques et exposition à de faibles doses de radioactivité à partir des données de la cohorte Constances.

Pour estimer l’exposition résidentielle au radon des volontaires de Constances, les chercheurs de l’ASNR utilisent une cartographie d’estimations des concentrations de radon à l’échelle communale. Disponible pour la métropole, cette cartographie est basée sur un modèle géostatistique intégrant les données des campagnes de mesures nationales « habitat » réalisées entre 1982 et 2002 dans près de 11 000 logements. Afin d’enrichir cette cartographie avec de nouvelles données, un millier de volontaires de Constances, préalablement tirés au sort, ont accepté de placer des détecteurs de radon dans leur maison.

Des détecteurs de radon chez soi pendant 2 mois

A l’automne 2023, 1 009 volontaires de Constances ont reçu un kit contenant 3 détecteurs de radon (appelés dosimètres) et les ont placés dans 3 pièces différentes de leur maison pendant au moins 2 mois durant l’hiver 2023-2024. Parmi ces volontaires, 984 ont retourné les détecteurs, soit un taux de participation supérieur à 97  %. En novembre 2024, tous les participants ont reçu un courrier individuel et personnalisé avec les résultats des mesures effectuées dans leur logement.

Une soixantaine de maisons au-dessus du niveau de référence

Au global, la médiane des concentrations mesurées s’établit à 45 Bq/m3 (becquerels par mètre cube) et la moyenne arithmétique à 103 Bq/m3. Une soixantaine de maisons, représentant 6,5 % des 984 logements, sont concernées par un dépassement du niveau de référence de 300 Bq/m3. Ce niveau de référence est fixé par la Commission européenne comme le seuil recommandé à ne pas dépasser. Il est repris en France dans le Code de la santé publique.

Les participants concernés par le dépassement de ce niveau ont reçu des recommandations pour abaisser ces concentrations, à savoir :

  • vérifier l’étanchéité du logement à l’interface sol-bâtiment pour limiter les entrées de radon dans le bâtiment
  • vérifier l’état de la ventilation mécanique
  • vérifier l’aération naturelle du soubassement du logement
  • améliorer ou rétablir l’aération du logement
  • et si besoin, réaliser de nouvelles mesures.

 

Les mesures effectuées dans le cadre du projet CORALE vont venir compléter la cartographie nationale d’estimation des concentrations de radon de l’ASRN qui sera actualisée d’ici à la fin de l’année 2025.

« Ces résultats sont cohérents avec la dernière campagne nationale de mesures qui avait déterminé que 4,5 % des logements en France avait une concentration de radon supérieure à 300 Bq/m3. Ce pourcentage de 6,5 %   légèrement supérieur  n’est d’ailleurs pas surprenant au vu des régions de résidence des participants, avec par exemple beaucoup de mesures dans l’Ouest et le Grand-Ouest — en Bretagne notamment — ou dans le massif des Vosges, connues pour être des régions avec un sous-sol granitique émetteur de radon » explique Claire Gréau, chargée d’évaluation et de maîtrise des risques au Bureau d’étude et d’expertise du radon de l’ASRN. « Quant aux fortes concentrations observées dans des maisons sur des communes avec un faible potentiel de radon, ce n’est pas étonnant. On peut avoir une forte concentration de radon si la maison a une mauvaise étanchéité avec le sol ou une ventilation insuffisante, même sur une commune avec un faible potentiel de radon. »

Quels liens entre concentration en radon et cancers ?

En parallèle de cette campagne de mesure, une doctorante de l’ASNR finalise les premières analyses statistiques pour déterminer les risques de maladies chroniques potentiellement associées à l’exposition au radon au cours de la vie pour les 76 000 volontaires de Constances ayant complété le questionnaire historique résidentiel. « Alors que la relation entre exposition au radon et risques de cancer du poumon est avérée, les associations potentielles avec d’autres cancers et d’autres maladies chroniques demandent à être mieux documentées. Cela fait partie des objectifs du projet CORALE. Celui-ci visera ensuite à étudier l’impact global sur la santé d’expositions au radon conjointes à d’autres sources de radioactivité » souligne Olivier Laurent, chercheur à l’ASNR et porteur du projet CORALE.

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