En 2020, la Fondation Jean Dausset a reçu près de 40 000 échantillons sanguins de volontaires de Constances dans le cadre du projet SAPRIS-SÉRO sur la COVID-19. Une nouvelle vague d’envoi de kits d’auto-prélèvement est prévue en juin 2021. Comment la Fondation se prépare-t-elle ? Réponses de son directeur scientifique, Jean-François Deleuze, et de la responsable de sa biobanque, Hélène Blanché-Koch.
Depuis le début de l’épidémie de COVID-19, la cohorte Constances est fortement mobilisée pour contribuer à une meilleure connaissance de la maladie et ses impacts, notamment à travers le projet SAPRIS. Ce projet comporte un volet sérologique reposant sur des auto‐prélèvements sanguins proposés à des volontaires de 4 grandes cohortes en population générale : Constances, E3N-E4N, ELFE/Epipage 2 et Nutrinet-Santé. Après avoir déposé des gouttes de sang sur un papier buvard, les participants ont envoyé leur prélèvement à la biobanque de la Fondation Jean Dausset-CEPH située à Paris.
« Entre mai et septembre 2020, nous avons reçu près de 100 000 buvards dont 40 % provenant de volontaires à Constances » indique Hélène Blanché-Koch, responsable du « Centre de Ressources Biologiques » de la Fondation Jean Dausset-CEPH. Par la suite, la recherche d’anticorps dans les échantillons sanguins par l’Unité des virus émergents a permis d’estimer un taux d’infection maximum COVID-19 en France dans 3 régions françaises en mai-juin 2020 : 10 % en Île-de-France, 9 % en Grand-Est et 3 % en Nouvelle-Aquitaine.
Une nouvelle vague d’envoi de kits sérologiques
En juin 2021, l’équipe de Fabrice Carrat (épidémiologiste INSERM à l’IPLESP) et les cohortes E3N/E4N, Nutrinet-Santé et Constances s’apprêtent à envoyer 20 000 nouveaux kits sérologiques à des volontaires de la cohorte afin de suivre leur immunité. Les échantillons seront à nouveau réceptionnés et conservés à la Fondation Jean Dausset-CEPH. « Nous sommes confiants. L’organisation mise en place en 2020 est robuste, avec des étapes se succédant les unes aux autres : ouverture des enveloppes, scannage des buvards, contrôle de la qualité des prélèvements, perforation des buvards pour réaliser 4 confettis de sang, envoi à Marseille et conservation des buvards dans la dizaine de congélateurs dédiés à SAPRIS-SERO » explique Hélène Blanché-Koch.
Une biobanque d’excellence en France et dans le monde
En mars 2020, le « Centre de Ressources Biologiques » est devenu le 1er laboratoire français et européen à obtenir la certification internationale (ISO20387) pour ses activités de collecte, réception, traitement, conservation, mise à disposition de ressources biologiques d’origine humaine. « Cette norme est un gage quant à la traçabilité et à la sécurisation des échantillons et données traités à la Fondation Jean Dausset-CEPH. Les volontaires de Constances qui ont eu la gentillesse — je dirai même plus la valeur — de participer au projet SAPRIS-SÉRO doivent être assurés du respect et de la technicité quant au traitement de leurs échantillons » insiste Jean-François Deleuze, son directeur scientifique. « La collaboration avec Constances, mais aussi avec les autres cohortes, est dans la lignée des projets menés depuis la création de la Fondation en 1984 par Jean Dausset — quatre ans après son prix Nobel de médecine — et conforme à sa vision de partage du matériel biologique ».
Une collaboration durable pour faire avancer la recherche et la médecine
« Nous sommes fiers et impressionnés par la réactivité, la qualité des échanges et la logistique mises en place en urgence — pendant le confinement — par la Fondation Jean Dausset-CEPH. Cette collaboration va se poursuivre. Nous nous apprêtons à envoyer un kit salivaire à 15 000 volontaires de Constances dans le cadre du projet POPGEN. Ce projet est l’un des 4 projets pilotes du plan France Médecine Génomique 2025. Les échantillons salivaires seront réceptionnés et conservés dans la biobanque de la Fondation » conclut Marie Zins, responsable de la cohorte Constances.
Zoom sur Jean Dausset
Né en 1916 à Toulouse, Jean Dausset est un immunologue français de renom international et un pionnier de la médecine génomique. En 1980, il est lauréat du prix Nobel de médecine pour sa découverte du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH ou système HLA chez l’humain), indispensable pour connaître la compatibilité entre donneur et receveur pour une greffe d’organe. En 1984, il crée la Fondation Jean Dausset-CEPH qu’il dirigea jusqu’à sa mort en 2009. Pendant longtemps plus connue aux États-Unis qu’en France, la Fondation Jean Dausset a mis mise en place la 1ère collaboration internationale pour cartographier le génome humain. Ces 10 dernières années, le CEPH avec l’implication de son CRB a participé à plusieurs découvertes scientifiques majeures concernant des maladies complexes, telles que la maladie de Crohn, le cancer du sein, du rein, du poumon, de la vessie, ainsi que des maladies génétiques rares.